Les plaquettes sont des cellules sanguines facilement mobilisables. Ainsi, une augmentation de leur taux sanguin, ou thrombocytose, n’est pas forcément synonyme de maladie. Seules les thrombocytoses telles que la thrombocytémie essentielle et la thrombocytose de l’anémie réfractaire sidéroblastique induite, supérieures à 1 000 giga/L nécessitent un traitement. Voici tout ce qu'il faut savoir dans la suite de notre article.
Thrombocytose : ses différents types
La norme du taux de plaquettes sanguines se situant entre 150 et 400 G/L de sang, on parle de thrombocytose lorsque celui-ci dépasse 450 G/L. En dehors d’une thrombocytose familiale (ce qui reste exceptionnel), on distingue deux types de thrombocytose : thrombocytose réactionnelle (dans 90 % des cas) et thrombocytose associée à une maladie du sang.
Bon à savoir : une thrombocytose nouvellement découverte doit toujours faire l’objet d’un contrôle car il peut s’agir d’une erreur de laboratoire.
L'essentiel sur la thrombocytose réactionnelle
La thrombocytose réactionnelle est liée au stress ou à une maladie autre. Ce type de thrombocytose ne dépasse pas 1 000 G/L en général. Voici quelques exemples de contextes de stress corporel intense susceptibles de générer une thrombocytose :
- effort physique intense ;
- sevrage alcoolique ;
- traitements lourds (chimiothérapie) ;
- chirurgies (ablation de la rate) ou accouchements prolongés ;
- hémorragies abondantes ;
- carence en fer.
Les maladies fréquemment pourvoyeuses de thrombocytoses sont les suivantes : les infections bactériennes (25 % des thrombocytoses), les maladies inflammatoires articulaires de type polyarthrites chroniques ou de l’intestin : rectocolite hémorragique (RCH)... ou encore les cancers.
Les thrombocytoses de stress ou liées à une infection bactérienne sont transitoires. Une simple prise de sang de contrôle à quelques semaines d’intervalle est nécessaire. En revanche, dans le cas d’une maladie inflammatoire chronique ou d’un cancer, la thrombocytose persiste. En-dessous de 1 000 G/L (la majorité des cas), aucun traitement n’est nécessaire.
Zoom sur les thrombocytoses liées à une maladie du sang
On estime que 10 % des thrombocytoses sont liées à une maladie du sang. La plupart de ces thrombocytoses sont modérées (< 1 000 giga/L).
Cependant, deux maladies du sang donnent des thrombocytoses importantes : l’anémie réfractaire sidéroblastique idiopathique ou ARSI, et la thrombocytémie essentielle. Ces deux maladies nécessitent une prise en charge spécialisée par un hématologue.
Thrombocytose et anémie réfractaire sidéroblastique idiopathique (ARSI)
L'ARSI fait quant à elle partie des syndromes myélodysplasiques. Il s'agit d'un dysfonctionnement de la moelle osseuse fréquent chez la personne âgée. Un tiers de ces syndromes évolue vers une leucémie aiguë.
Bon à savoir : les maladies du sang sont des pathologies très complexes ! L’ARSI est en fait considérée comme un syndrome myélodysplasique de la lignée des globules rouges (anémie), et comme un syndrome myéloprolifératif de la lignée plaquettaire.
Symptômes liés à l'ARSI
Une thrombocytose importante peut engendrer une phlébite ou une embolie pulmonaire. Il faut donc dans ce cas se méfier d’une douleur au mollet ou d’un essoufflement inhabituel.
Les autres symptômes les plus souvent observés dans l’ARSI sont la fatigue chronique, l’essoufflement à l’effort et la prédisposition aux infections graves et aux saignements répétés.
Si vous êtes atteint d’une ARSI et que certains symptômes vous inquiètent, n’hésitez-pas à consulter votre médecin traitant ou votre hématologue.
Anémie réfractaire sidéroblastique idiopathique : quelle prise en charge ?
La prise en charge d’une ARSI nécessite un suivi régulier et spécialisé chez un hématologue. Le traitement repose essentiellement sur la chimiothérapie et la greffe de moelle, bon espoir de guérison pour cette maladie :
- L’anémie, si elle est profonde, sera traitée par transfusions.
- Les infections graves nécessitent parfois une hospitalisation urgente et des soins spécifiques.
- Si le risque de phlébite et autres maladies thrombo-emboliques est très important, un anti-coagulant est alors nécessaire.
Bon à savoir : le romiplostim et l'eltrombopag (ELT) sont de nouveaux traitements utilisés contre la thrombopénie auto-immune dans le cadre d'un syndrome myélodysplasique (SMD) de faible risque. Ils sont efficaces dans 30 à 50 % des cas, et l'ELT est efficace dans 77 % des cas dans les thrombopénies des SMD et la leucémie myélo-monocytaire chronique.
Thrombocytémie essentielle : symptômes et traitement
La thrombocytémie essentielle, qui correspond à une prolifération de plaquettes, est ce que l'on appelle un syndrome myéloprolifératif. Considérés comme des cancers du sang, les syndromes myéloprolifératifs se caractérisent par une hyper-production de cellules sanguines et tout particulièrement de l’une d’entre elles.
La thrombocytémie essentielle touche les personnes âgées de 50 à 60 ans (44 % des patients ont plus de 75 ans) avec un pic d'incidence situé entre 85 et 89 ans. Dans la moitié des cas, elle est découverte sur une prise de sang de routine, dans l’autre, au cours d’un accident thrombotique ou hémorragique.
Ainsi, la thrombocytémie essentielle prédispose aux maladies thrombotiques comme :
- l'AVC de type ischémique ;
- l'infarctus du myocarde ;
- l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs, encore appelée artérite ou AOMI ;
- la phlébite ;
- l'embolie pulmonaire.
Les hémorragies observées concernent préférentiellement les muqueuses intestinale, génitale ou nasale. Comme toute autre hémopathie, la thrombocytémie essentielle nécessite un suivi régulier et spécialisé chez un hématologue. Le traitement curatif proposé est la chimiothérapie.
Étant donné que le risque de thrombose est associé à un risque de saignement (hémorragie), on a recours à de l’aspirine à faibles doses pour fluidifier le sang. Il est par ailleurs très important de réduire au maximum les facteurs de risques cardio-vasculaires que sont le tabac, le surpoids, le cholestérol, etc.
À noter : rappelons que les thrombocytoses associées à une maladie du sang sont rares. En cas de découverte d’une anomalie à la prise de sang, consultez votre médecin traitant.