Le traitement des leucémies aiguës est à distinguer du traitement des leucémies chroniques. Cependant, quel que soit le traitement, la chimiothérapie est souvent une étape incontournable. On peut parfois aussi opter pour un don de moelle osseuse. Mais dans tout processus, une rechute est fortement probable.
Traitement chimiothérapeutique des leucémies aiguës
Le traitement des leucémies aiguës est un traitement de chimiothérapie qui s'effectue en 2 temps : le traitement d'induction au début du traitement et le traitement de consolidation, qui est mis en place après la rémission afin d'éviter une rechute.
Traitement d'induction
Dans le cadre d'une leucémie aiguë, le traitement d'induction est une polychimiothérapie, qui combine plusieurs médicaments.
Très agressif, ce traitement détruit aussi bien les cellules cancéreuses qu'une partie des cellules de la moelle osseuse et du sang.
De ce fait, le patient n'est plus capable de se défendre face aux infections, car il ne dispose plus de suffisamment de globules blancs, et d'empêcher les saignements éventuels, car il ne dispose plus de suffisamment de plaquettes : c'est l'aplasie médullaire.
Ainsi, le traitement de la leucémie aiguë se double de transfusions globulaires et plaquettaires.
À noter : par ailleurs, des mesures drastiques sont mises en place pour éviter les infections. Les patients sont pour cela isolés dans des chambres stériles spéciales.
Article
Traitement de consolidation
Lorsque le myélogramme (examen lié au diagnostic de la leucémie) se normalise, on débute le traitement de consolidation.
Habituellement, le traitement est administré tous les mois, le patient pouvant retourner chez lui après chaque cycle. Certains traitements peuvent même être pris à domicile, sous la surveillance d'un infirmier.
À noter : si la leucémie présente des risques importants de rechute, une greffe de moelle osseuse ou de cellules-souches peut être envisagée.
Particularités du traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique
Chez l'adulte
La leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) est un type de leucémie qui présente d'importants risques d'affecter le système nerveux central (SNC).
C'est pour cette raison qu'un traitement de chimiothérapie préventif (prophylaxie du système nerveux central) est généralement mis en place au cours de la phase d'induction.
On utilise une ou plusieurs des méthodes suivantes :
- injection de médicaments (méthotrexate, cytarabine ou prednisone) directement dans la moelle épinière (thérapie intrathécale), dans le liquide céphalorachidien (LCR) ;
- injection de méthotrexate à forte dose par voie intraveineuse ;
- radiothérapie de la base du crâne pour compléter le traitement.
Si la leucémie s'est déjà propagée au SNC, on procède à une irradiation corporelle totale, et on réalise une greffe de cellules-souches.
À noter : généralement, la LAL est assez sensible à la chimiothérapie, et il est parfois nécessaire de mettre en place une chimiothérapie d'entretien. Le traitement complet dure dans ce cas environ 2 ans. Néanmoins, les rechutes restent fréquentes et difficiles à traiter.
Chez l'enfant
Le traitement de la LAL chez l'enfant sera globalement le même que chez l'adulte.
Toutefois, le traitement devra être plus agressif si :
- l'enfant est un nourrisson ou qu'il a plus de 10 ans ;
- la réaction au traitement initial s'effectue plus lentement ;
- le nombre de globules blancs est supérieur à 50 000 cellules/mm3 au moment du diagnostic ;
- le système nerveux central est touché au moment du diagnostic (présence de cellules leucémiques dans le liquide céphalorachidien) ;
- les cellules leucémiques présentent des anomalies chromosomiques.
Bon à savoir : la phase finale d'entretien est plus longue chez les garçons (3 ans) que chez les filles (2 ans), dans la mesure où des cellules leucémiques peuvent avoir atteint les testicules.
Article
Médicaments utilisés dans le traitement de la leucémie aiguë myéloblastique
La leucémie aiguë myéloblastique (LAM) est principalement traitée avec un certain type de médicament : l'anthracycline.
Traitement à l'anthracycline
Cette grande catégorie comprend plusieurs types de substances :
- la daunorubicine ;
- la doxorubicine (un bêta-bloquant, médicament dont les principes actifs bloquent l'adrénaline et la noradrénaline responsables de l'augmentation de la pression artérielle ; le nébivolol en particulier pourrait atténuer la toxicité de cette anthracycline) ;
- l'idarubicine.
L'anthracycline peut aussi être combinée à la cytarabine, pour former la cytosine arabinoside (ou ara-C). Habituellement l'anthracycline est administrée au cours des 3 premiers jours de la phase d'induction. La cytarabine est donnée au même moment, mais elle sera prise pendant une semaine de plus.
De même, d'autres médicaments peuvent être combinés ou remplacés par d'autres pour le traitement des leucémies à haut risque, résistantes ou récidivantes. On peut par exemple utiliser des inhibiteurs des méthyltransférases de l'ADN (DNMTi en anglais) : l'azacitidine (Vidaza® et les génériques Azacitidine Accord ou Azacitidine Kabi®) et la décitabine (Dacogen®). Ces deux DNMTi voient leur action anti-tumorale amplifiée (prolifération cancéreuse inhibée et apoptose augmentée) lorsqu'ils sont couplés à de la vitamine C. Dans le cadre de la LAM, ils permettent une durée de survie moyenne de 10,4 mois contre 6,5 mois chez les patients ayant reçu des traitements classiques.
Mais ces médicaments sont très toxiques et, chez les patients à risque, il faut limiter le plus possible leur usage.
À savoir : les anthracyclines sont responsables de 30 % des décès chez les personnes âgées de plus de 65 ans et chez les malades au terrain fragilisé. En effet, chez ces patients, elles favorisent l'apparition d'une insuffisance cardiaque, d'une thrombose, de troubles du rythme cardiaque et de sténoses valvulaires. Il est donc indispensable de traiter immédiatement les patients par IEC et bêta-bloquants si des signes de dysfonctionnement cardiaque font leur apparition.
Article
Traitements avec les BH3 mimétiques
Une nouvelle classe de médicaments a fait son apparition dans le cadre du traitement de certaines tumeurs : les BH3 mimétiques.
Ces médicaments sont capables d’inhiber les protéines BCL-2, qui bloquent l'apoptose (mort cellulaire programmée qui permet en temps normal d'éliminer les cellules susceptibles d'être à l'origine d'un cancer). Les BH3 mimétiques combattent le phénomène anti-apoptotique de près de 25 % des tumeurs malignes, en particulier des hémopathies malignes (leucémie aiguë myéloblastique mais aussi lymphomes et myélomes multiples) ou certaines tumeurs solides (mélanome, cancer du sein ou encore cancer bronchique).
Traitement avec les CAR-T cells
Les CAR-T cells (cellules CAR-T pour Chimeric Antigen Receptor) sont fabriquées individuellement pour chaque patient à partir de ses lymphocytes T (CAR-T cells autologues) qui, après avoir été prélevés, sont modifiés génétiquement puis réinjectés au patient.
Les modifications génétiques opérées permettent aux cellules T de se lier aux cellules cancéreuses (elles savent les reconnaître) pour les détruire (les lymphocytes sont réactivés).
Aujourd'hui, quatre CAR-T cells sont approuvées en France (Kymriah®, Yescarta®, Tecartus® et Abecma®) dans cinq hémopathies malignes en rechute ou réfractaires : leucémie aiguë lymphoblastique, myélome multiple, lymphome diffus à grandes cellules B, à cellules B du manteau, et folliculaire. C'est notamment Tecartus® qui est utilisé dans le cadre des leucémies aiguës en rechute ou réfractaire et même si jusqu’à présent les CAR-T cells étaient réservées aux patients de moins de 25 ans ses résultats positifs ont été confirmés chez les plus de 25 ans, avec 71 % de réponse au traitement et une médiane de survie de 18 mois.
Aussi dans la rubrique :
Traitement de la leucémie
Sommaire
- Leucémie : vers qui se tourner ?
- Traitements contre la leucémie
- Leucémie et rechute