Avoir recours à un don de moelle osseuse est un cas de figure à envisager dans le traitement de la leucémie. Il est associé ou non à une chimiothérapie. Cependant, cela va dépendre de la forme de la maladie : traitement des leucémies aiguës ou traitement des leucémies chroniques. Mais il faut rester vigilant car la rechute est toujours une possibilité.
Rôle et principes du don de moelle osseuse
La moelle osseuse joue un rôle essentiel au sein de l'organisme puisqu'elle assure la fabrication des cellules souches hématopoïétiques. Ce sont elles qui vont fournir :
- les différentes cellules qui composent le sang (globules rouges, globules blancs et plaquettes) ;
- les cellules de l'immunité (lymphocytes).
En cas de cancer du sang, ces cellules sont malades. Il est donc possible de prélever des cellules saines chez un donneur compatible et de transfuser un malade : c'est la greffe de moelle osseuse. Il est important de noter que :
- Le type de greffe que l'on privilégie est l'allogreffe (le donneur et le receveur sont deux personnes distinctes), notamment pour les personnes dont un frère ou une sœur serait compatible.
- L'autogreffe (le patient donne et reçoit la greffe) est envisageable chez certaines personnes qui n'ont ni frère ni sœur compatible.
Toutes les personnes qui le souhaitent peuvent devenir donneurs volontaires de moelle osseuse (DVMO) à condition :
- d'être en parfaite santé ;
- d'avoir plus de 18 ans et moins de 51 ans (au moment de l'inscription, le don restant possible jusqu'à l'âge de 60 ans) ;
- de faire une prise de sang et de répondre à un questionnaire portant sur sa santé.
Il arrive donc que des personnes souhaitant devenir des donneurs soient refusées. Si l'on est accepté, il est nécessaire de bien savoir ce que cela implique.
À noter : en France, on compte plus de 210 000 donneurs inscrits sur le registre France Greffe de Moelle (plusieurs millions au niveau international), dont 65 % de femmes et à 53 % des personnes de plus de 35 ans.
Les 3 règles essentielles du don de moelle osseuse
Le don de moelle osseuse respecte 3 règles essentielles :
- l'anonymat ;
- le libre consentement ;
- la gratuité.
Anonymat
En France, le don est anonyme. Ainsi, ni le donneur ni le receveur ne sauront à qui bénéficie et d'où provient le don.
Bon à savoir : le donneur peut donner pour des patients à l'étranger, mais il n'en saura rien.
Libre consentement
Les donneurs inscrits sur les listes peuvent à tout moment être sollicités par le registre national. Si cela arrive, ils doivent se rendre au tribunal judiciaire (ex-tribunal de grande instance) dont ils dépendent pour confirmer leur consentement et donner leur accord pour le prélèvement.
Gratuité
Le don est entièrement gratuit. Tous les frais afférents au prélèvement lui-même (frais d'examens, hospitalisation, prélèvement, frais de transport, indemnisation pour le temps de travail perdu, etc.) sont pris en charge par les services hospitaliers.
Méthodes de prélèvement
Deux possibilités de prélèvement existent :
- soit dans l'os iliaque (os du bassin) ;
- soit dans le sang.
C'est le médecin qui choisit la méthode la plus appropriée en fonction du patient receveur.
Prélèvement dans l'os iliaque
Le prélèvement peut se faire dans l'os iliaque, c'est-à-dire dans l'un des os latéraux du bassin. Concrètement, on suit les étapes suivantes :
- Le donneur est hospitalisé la veille de l'intervention (3 ou 4 jours d'hospitalisation sont à prévoir).
- L'opération proprement dite est une ponction osseuse qui est réalisée sous anesthésie générale. On prélève ainsi environ 1 % de la moelle osseuse, sachant que l'organisme va combler ce déficit en quelques jours.
- La moelle prélevée est ensuite filtrée, puis injectée au malade par simple transfusion (qui dure environ 1 heure).
Le donneur, quant à lui, ressentira quelques douleurs au niveau du bassin. On lui prescrira donc des antalgiques, du fer (pendant 3 semaines) et il obtiendra un arrêt de travail de 8 jours.
Prélèvement dans le sang
Le prélèvement dans le sang, ou par aphérèse, consiste à prélever des cellules souches directement dans le sang à l'aide d'un séparateur. Concrètement, on procède ainsi :
- Le donneur se voit injecter un médicament (facteurs de croissance hématopoïétique dont la fameuse érythropoïétine ou EPO) destiné à réguler le taux de globules blancs pendant quelques jours.
- Grâce à cela, les globules blancs vont migrer dans le sang.
- On réalise alors un ou deux prélèvements sanguins, chacun durant de 3 à 4 heures.
Le sang collecté est ensuite injecté au malade par simple transfusion sanguine.
Le receveur du don de moelle osseuse
Recevoir un don de moelle osseuse en cas de cancer du sang implique pour le malade certaines procédures à connaître.
Du côté du receveur avant et pendant la greffe
Tandis que le donneur suit le processus de prélèvement de sa moelle osseuse, le receveur est hospitalisé 2 semaines avant la greffe afin :
- d'effectuer un bilan ;
- de débuter un traitement de conditionnement comportant une chimiothérapie et parfois une radiothérapie ; précédant la greffe de quelques jours, son but est d'éliminer les cellules leucémiques pour favoriser l'intégration de la nouvelle moelle.
Le jour de la greffe, les cellules sont transfusées et vont naturellement coloniser la nouvelle moelle.
Du côté du receveur après la greffe
Le traitement intensif précédant la greffe entraîne une aplasie médullaire qui dure entre 2 et 4 semaines, le temps que la nouvelle moelle fonctionne. Au cours de cette période, les défenses de l'organisme sont amoindries et les risques d'infection sont augmentés. Pour éviter cela :
- Les malades sont isolés dans une chambre à flux stérile.
- Ils sont placés sous antibiotiques.
- Des transfusions de globules rouges et de plaquettes sont également nécessaires.
En temps normal, le patient quitte l'hôpital entre 1 et 2 mois après la greffe.
Par la suite, les patients sont suivis toutes les semaines jusqu'au troisième mois. Ensuite, les contrôles sont plus espacés, mais se poursuivent afin de dépister à temps toute complication, qu'elle soit infectieuse ou liée à une réaction du greffon contre l'organisme (ou G.V.H.), ce qui reste rare.
À noter : en cas de rejet, un deuxième essai peut avoir lieu.
Les leucémies bénéficiant du don de moelle osseuse
Le don de moelle osseuse bénéficie essentiellement aux personnes qui souffrent de cancers du sang :
- Ainsi, 34 % des dons de moelle osseuse profitent à des patients présentant une leucémie aiguë myéloblastique (LAM).
- 18 % des greffes ont lieu chez des personnes ayant une leucémie aiguë lymphoblastique (LAL).
- 2,6 % des greffes vont à des malades souffrant d'une leucémie myéloïde chronique (LMC).
Bon à savoir : les autres dons de moelle osseuse vont à des personnes souffrant d'anémie de Fanconi, de drépanocytose, de β-thalassémie.
Cas particuliers
Le don de moelle osseuse présente des cas particuliers :
- Dans certaines situations, il est possible d'envisager une greffe de moelle osseuse chez les personnes atteintes de LAL au tout début d'une rémission ou après une récidive dans la mesure où il est possible de parvenir à une rémission partielle ou complète (à la fin de la phase d'induction).
- On peut également proposer une greffe de cellules souches aux personnes qui sont en rémission, mais dont le risque de rechute reste élevé et le pronostic défavorable.
- Les leucémies lymphoïdes chroniques ne donnent pas lieu à des greffes. Néanmoins, des études sont en cours afin d'évaluer les résultats qu'elles peuvent donner.
- Dans les leucémies de l'enfant, la greffe de cellules souches est envisageable en cas de :
- LAM avec un risque élevé de récidive ;
- LAL lorsqu'elle a récidivé rapidement après la rémission ou lorsqu'elle résiste à la chimiothérapie.
Bon à savoir : chez les enfants, l'autogreffe est exclue car les risques de recontamination sont trop élevés.
Aussi dans la rubrique :
Traitement de la leucémie
Sommaire
- Leucémie : vers qui se tourner ?
- Traitements contre la leucémie
- Leucémie et rechute